Fellini au Jeu de Paume, La Grande Parade...

...La Grande Arnarque

L'idée était belle, faire une exposition emblématique sur le réalisateur italien Fellini en plus de la rétrospective de son oeuvre filmique à la cinémathèque. Pourtant encore faut-il en avoir la matière et savoir l'utiliser... Parce que l'accumulation d'alternances de photos de tournage et d'extraits mythiques, ben, c'est bien mignon mais il faut l'avouer, pas très stimulant, ni très intéressant... Aucun éveil des sens quoi. L'expo est tirée à quatres épingles, il n'y a pas à redire. Très beaux tirages, très belles photos, très beaux documents... mais justement on se demande pourquoi tout est tellement propre et parfait. Tous les documents (parce que c'est plus de la documentation qu'autre chose) sont accrochés au mur comme on accroche au mur en ce moment,(il y a d'ailleurs très certainement une mode de l'accrochage qui mériterait d'être étudiée sérieusement) mais derrière les recoins pas grand chose à découvrir, si ce n'est des faits divers sur la manière de créer de Fellini. Le cinéaste s'inspirait du réel, on nous le montre en images, on nous le montre au microscope, on nous remet l'extrait qui correspond avec la vrai news de l'époque, bref, presque on nous donne les lunettes 3D à l'entrée pour bien qu'on voit l'évidence. De quoi nous rendre aveugle...

Et puis on ne peut pas louper ces tirages de Marcello Mastroianni, ni l'overdose de portraits d'Anita Ekberg, mais par contre il est finalement très facile de passer à côté du plus beau de l'expo. Parce que oui, à la fin, cachée derrière un mur (il y a beaucoup de murs et de recoins dans cette exposition pour faire croire qu'il y a une vrai dynamique du sujet), enfin la petite gourmandise qui pourrait à elle seule faire l'événement:les deux énormes volumes des rêves racontés et dessinés par Fellini pendant des années. Les objets sous vitrines sont des trésors magiques et mystérieux... et intouchables. Et c'est bien là tout le drame de cette exposition, quelques pages ont eu le droit à une reproduction accrochée sur le mur d'en face dans l'ombre... et puis c'est tout. Voilà l'objet rare, contenant un millier de magnifique mystère artistique, sous nos yeux, mais hors de notre portée... de quoi pousser au vol à main armée!

... bon j'avoue j'ai jamais vraiment aimé l'univers de Fellini ( notamment parce que je trouve ce cinéma incroyablement misogyne ) mais quand même, c'était justement l'occasion pour les gens comme moi, entres autres, de découvrir une autre facette de son génie artistique et cela nous est finalement refusé alors que c'est agité sous notre nez... frustrant quoi, vraiment frustrant. 

Quelques autres trésors sont quand même cachés dans les dédales de l'espace Fellini au Jeu de paume, notamment les publicités qu'il a réalisé pour plusieurs marques (comme Barilla), qui valent le détour (mais elles sont sûrement trouvables sur youtube en meilleure qualité...), une affiche géante de la Dolce Vita faite main par un artiste inconnu, ou les photos de ces figurants qu'il gardait précieusement. Mais c'est aussi l'occasion de voir ou découvrir l'artiste contemporain Francesco Vezzoli dont l'exercice de style sur la Dolce Vita est assez beau à voir (avec la participation de la bombe Eva Mendes), parce que la dérision en ces temps de crise est bonne à prendre...

Sur ce, merci de votre attention et bonne visite!