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Camille through the looking-glass
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  • Photos, croquis et textes d'un peu tout et n'importe quoi provenant de la caverne d'Ali Camille pour un peu plus de magie, rires, larmes et envies. Une collection de pensées et de couleurs où "la corvée d'être utile est épargnée aux choses".
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Camille through the looking-glass
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20 janvier 2010

Split-screen, petits fragments (et purée de pois)...

Depuis Septembre 2009, j'étais stagiaire édito-web chez Vodkaster (le site de la cinéphilie !)... mais voilà maintenant c'est fini ! Alors c'est l'occase de faire partager mes playlists préférées (handmade)et mon dernier article que vous pouvez aussi retrouver sur le blog de Vodkaster...

  • Favorite Playlists:

Zooey Deschanel; Stylo, stylo bille; Sous la pluie; Entre filles; Voyage dans le temps; Down the Rabbit Hole; La première création; Décolorée; The Look

  • Un petit article sur la technique du split-screen au cinéma... c'est pas très appronfondi et c'est un peu didactique mais bon...:

 Dans un premier temps : sachez que j'ai largement pris comme preuve la technique du split-screen lors de la rédaction de mon mémoire, je m'excuse donc d'avance pour toute notion qui semblerait hors de propos dans ce petit texte (mais que je ne pourrai sûrement pas m'empêcher de caser)... Je me rends compte maintenant, alors que je rédige cet article pour le blog de Vodkaster, que ma recherche était vraiment très cadrée et spécifique et que finalement l'effet split-screen au cinéma... ben comment dire... je suis pas super calée en la matière... mais je vais quand même faire de mon mieux pour : 1. ne pas trop vous ennuyer, 2. ne pas dire trop de conneries, 3. ne pas faire la fille hautaine qui laisse de côté les extraits pas intéressants cinématographiquement...

Commençons donc par une petite définition simple et efficace :
Le split-screen est une technique, ou un effet, cinématographique, consistant à diviser l'écran en plusieurs parties. Chacune de ces parties présente des images différentes permettant de montrer des espaces distincts ou des points de vues variés, dans un même temps.

Les faits : La technique du split-screen est de plus en plus courante au cinéma (j'aborderai le pourquoi de son abondance dans les films des années 2000 un peu plus bas) mais  est en fait utilisée depuis les années trente, Un jour aux courses (1935) Dead man walking (1947)... C'est en 1968 que l'on voit l'effet se généraliser sur les écrans de cinéma notamment dans L'Affaire Thomas Crown de Norman Jewison et L'étrangleur de Boston de Richard Fleischer, puis dans les films de Brian De Palma qui n'hésite pas à employer le procédé dans une petite dizaine de ses films (Dionysus in '69Sisters,CarrieBlow outSnake Eyes...)

Pour autant l'utilisation du split-screen ne se fait pas toujours dans un même but ni sur un même niveau de pertinence (mrd mon côté hautain qui débarque).

EXEMPLES :

1. Le côté pratique : Le split-screen peut avant tout servir comme effet spécial. Le film de 1961, The parent trap, utilise le procédé pour faire apparaître la petite actrice deux fois dans un même plan. En effet, Hayley joue un double rôle : celui des jumelles Susan et Sharon. Les plans sont donc soit réalisés avec une doublure (de dos) soit filmés deux fois (elle joue d'un côté et de l'autre) : les images sont coupées et juxtaposées au montage. Voir l'effet ici.

2. Le côté utile et facile :  il n'y a pas plus efficace que le split-screen pour une conversation téléphonique au cinéma. La technique est utilisée pour voir simultanément chaque personnage d'un bout à l'autre du combiné. C'est sûrement l'excuse la plus facile pour voir apparaître un petit split-screen à l'écran (et pour éviter un lourd champ/contre-champ, ou épargner à l'acteur de parler tout seul comme un con au téléphone...)  Ici une jolie scène de conversation téléphonique à quatre écouteurs dans Mean girls.

3. Le côté décoratif et rythmique : Le split-screen ça peut aussi faire très joli et puis donner du rythme et faire sourire. Cédric Klapisch s'en sert danscette scène de fin de l'Auberge Espagnole (oui, d'accord c'est aussi pour montrer qu'on est tous différents mais qu'on a aussi tous un point commun et qu'on fait partie d'un grand ensemble et tout et tout, mais bon...)

4. Le côté esthétique : Alors là c'est plus délicat. Je veux parler d'un split-screen non pas créé au montage mais dans la mise en scène même. C'est à dire en quelques sortes un faux split-screen. L'image est coupée en deux parties  (ou trois ou quatre...) grâce à un jeu de miroir ou d'écrans à l'intérieur de l'écran (voir le dénouement de Tetro de Francis Ford Coppola). Vous verrez ce que je veux dire si vous allez voir cet extrait là de The Addiction de Abel Ferrara (attention il faut patienter un peu pour voir).

5. Le côté efficace : pour l'efficacité, c'est Brian De Palma qui est passé maître dans l'art. Son utilisation du split-screen pour créer du suspense est à faire pâlir d'envie Jack Bauer (24), comme par exemple dans cette scène de Sisters...

6. Le côté métaphorique et outil pop : Le générique de L'Affaire Thomas Crown est un exemple flagrant du split-screen comme métaphore des personnages. Chacun des héros est fragmenté comme pour montrer combien, en ce début de film, ils sont enfermés dans leur carcan quotidien et psychologique. Notons que c'est aussi un générique hyper pop, l'époque Andy warholienne est à son apogée.

7. Le côté psychique : ... ou le split-screen comme support de projection mentale ou comment traduire l'état mental d'un ou de plusieurs personnages par les images. Les exemples flagrants: Carrie de Brian de Palma, et Requiem for a Dream de Darren Aronofsky, dont les extraits sont ici et ici...

8. Le côté unité spatiale ou le split-screen comme technique anti hors-champ : Eh bien oui. Unité spatiale. Cela vous surprend ? Et pourtant le split-screen à la capacité d'unir tout en séparant (c'est pas beau ça ?). L'écran est certes divisé en plusieurs parties mais il a également le pouvoir d'unir deux espaces complètement différents. Le split-screen c'est en quelque sorte l'anti hors-champ.Évidemment tous les exemples cités ci-dessus rentrent dans cette catégorie, mais plus encore, certains films se construisent autour de cette unique propriété. Hans Canosa dans, Conversation(s) avec une femmeutilise le split-screen avec l’idée de réellement faire vivre deux personnages sur un écran, sans que l’un ait besoin de s’effacer au profit de l’autre. Le hors champ n’existe plus. Il est banni pour mieux donner vie à deux entités pleinement et constamment présentes sur une heure trente de film. Conversation avec une femme, d’Hans Canosa, s’accorde parfaitement à une dynamique cinématographique cubiste, en imposant « l’écran deux en un ». Time Code de Mike Figgis fonctionne un peu de la même façon même si le concept de départ s'avère un peu plus compliqué (4 écrans simultanés, improvisation...).

9. Le côté reflet du contemporain : Alors là, théorie plus personnelle... Selon moi : l’espace-surface de l’image ne s’accorde plus au nouveau dynamisme du regard engendré par la multitude d’information que celui-ci reçoit dans une société où l’abondance d’images atteint des sommets. Le cinéma d'aujourd'hui se sert du système informatique et numérique pour produire une nouvelle image au plus proche du réel contemporain et de sa nouvelle technologie. Il rend le monde par le fragment. The Tracey Fragmentsde Bruce McDonald, travaille, expérimente cette fragmentation du cadre, ce nouveau rapport à l'image. (Une scène ici...) Tout le long du film, l’écran ne cesse d’être recomposé avec différents rectangles qui cherchent à montrer le maximum de détails de l’ensemble du monde diégétique qu’il propose.
Pour coller le plus avec la réalité induite par une nouvelle technologie des communications, et au nouveau dynamisme du regard, l’écran accumule sur sa surface une multitude de fenêtres, qui une fois vues et recomposées par l’œil offre une vue d’ensemble, une dimension complète du monde dans lequel évolue les personnages mais également la transmission de leurs émotions...

Conclusion
Le septième art s’empare d’une conséquence d’une révolution des communications et des technologies, et transforme peu à peu ses propres règles et structures de création. Le voyage instantané de l’information et l’apparition de l’objet désiré en moins d’une seconde dans une succession et une multitude de fenêtres ouvertes sur le monde change la dynamique du regard. C’est l’univers cybernétique qui est réutilisé, reconstruit, manipulé, retravaillé par le cinéma... d'où cette utilisation de plus en plus fréquente du split-screen au cinéma depuis les années 2000...

Maintenant que vous savez tout, il est temps de regarder la playlist dédiée au split-screen.

P.S : Je n'ai pas parlé du film de Abel GanceNapoléon, notamment parce que je ne connais pas vraiment l'œuvre. Pourtant, il semble que le projet du cinéaste ait été l'ancêtre des films conçus entièrement en split-screen, et soit également une œuvre cinématographique unique. En effet nous sommes en 1927, et l'auteur tente déjà de s'affranchir du cadre de l'écran cinéma  en imposant un impressionnant triptyque, le film est en effet conçu autour d'une technique qu'il appellera la polyvision : 3 projecteurs, 3 écrans, 3 images simultanées. (Pour en savoir plus). (Merci MoovyMemoryZ pour cette info).

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