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Camille through the looking-glass
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  • Photos, croquis et textes d'un peu tout et n'importe quoi provenant de la caverne d'Ali Camille pour un peu plus de magie, rires, larmes et envies. Une collection de pensées et de couleurs où "la corvée d'être utile est épargnée aux choses".
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Camille through the looking-glass
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8 octobre 2010

Let the right one on

Cela devient systématique chez les américains… Un succès européen ou asiatique et voilà que se met en route la production quasi immédiate d’un remake made in Hollywood. Jusqu’ici ils attendaient au moins deux ans avant de lancer la production, mais l’année dernière, à peine sortions nous des salles, enchanté par Morse, que l’on nous annonçait la mise en chantier de Let me in.

morseremakearticle

C’est donc seulement 18 mois après l’original suédois, qu’est sorti cette semaine au cinéma la version américaine.

Morse, qui pourrait passer à plusieurs égards pour un film « déjà culte », avait-il besoin d’un remake, qui plus est américain, mais surtout si tôt, menaçant sa diffusion et sa reconnaissance par un public plus large ?

Mais reprenons au début,

Le film original

Au commencement était un livre. Let the right one in (Låt den rätte komma in) de John Ajvide Lindqvist, best-seller en Suède. C’est lui-même qui va adapter son roman en scénario pour la réalisation du film de Tomas Alfredson.

L’histoire est très simple. Dans une banlieue des années 1980, Oskar, un jeune garçon de 12 ans réservé et délicat, se fait régulièrement martyrisé par ses camarades de classe. Il rencontre Eli, 12 ans elle aussi, jeune fille singulièrement étrange qui ne sort jamais le jour et semble ne jamais avoir froid. Unis dans leur univers à l’écart du monde social environnant, Oskar et Eli développe une forte amitié. Et même lorsque l’enfant découvre la véritable nature d’Eli, c’est un vampire, leur lien ne fait que se renforcer. Tous deux ont besoin de l’autre pour survivre.


Apprendre le morse extrait de Morse

Tomas Alfredson s’attaque, pour sa troisième réalisation, au film de vampire en pleine euphorie « Twilightienne ». Le film sort en France au même moment que le premier volet de la saga mièvre pour midinette de Stéphanie Meyer. Pourtant il se pose comme une complète antithèse et propose un regard complètement neuf du film de vampire. Par moment extrêmement doux et souvent incroyablement violent et cru, le film esthétise une relation compliquée mais non moins romanesque. La lumière nous plonge dans une atmosphère froide mais légère, car c’est dans une constante dualité et hésitation que se construit le film, douceur et naïveté de l’enfant et premiers émois amoureux, face à la violence du monde et à la difficulté de grandir. La neige est personnage à part entière, matière presque omniprésente pendant toute la durée du film, elle est la métaphore de cette dualité, à la fois belle et douce mais aussi dure et froide. Tout comme l’utilisation du rouge et du bleu: du bleu dans les moments de calme, et du rouge dans les accès de rage.

 Film impressionnant dans sa montée en puissance et son escalade de violence mais toujours d’une justesse inouïe, le film marque les esprits longtemps après son visionnage. Morse doit aussi beaucoup à ses deux interprètes principaux, Lina Leandersson et Käre Hedebrant, les deux jeunes acteurs qui assurent cette inquiétante étrangeté qui résonne tout le long du film.

 

Le Remake

Avant même la sortie en salle dans son pays (fort alors de 10 prix dans 10 différents festivals), les droits du film suédois, ont été cédés à Matt Reeves pour la réalisation d’un remake américain. Tomas Alfredson n’a rien pu faire pour empêcher cela, il a seulement déclaré: « Les remakes devraient être faits à partir de films ratés ou peu réussis, cela permettrait de régler ce qui ne fonctionnait pas dans l'original. »

Bis Repetita:


You hit back extrait de Laisse-moi entrer

L’excuse des producteurs américains (Hammer films), lorsque revient la question : « pourquoi ce remake ? », est, disons-le, clairement faux-cul. Selon eux les intellos ont eut accès à Morse, mais ce film est tellement bien qu’il fallait qu’il touche les masses. Les masses ont donc forcément besoins d’une réalisation américaine, une version tournée en anglais avec des visages connus du public pour que qu’il puisse être distribué à plus grande échelle… Si c’est pas prendre des gens pour des C#*$ !

Pour cette réalisation mainstream c’est donc Matt Reeves qui s’attaque au morceau. Attendu au tournant après le buzz de Cloverfield, a-t-il vraiment fait un choix judicieux avec Laisse-moi entrer ? A-t-il été capable de faire autre chose avec le sujet, ou est-ce simplement le même film avec des acteurs américains ?

[Attention Spoiler]

Laisse-moi entrer n'est pas dénué d'intérêts... si vous n'avez pas vu Morse. Le film reprend la facture du roman et du premier film de manière tout à fait décente. Rien de nouveau, si ce n'est la disparition des personnages en orbite autour des deux adolescents, faisant du petit vampire et de son jeune ami les seules figures de référence de l'histoire. Les deux acteurs, sur lesquels tout repose se débrouillent comme ils le peuvent pour faire naître une émotion et y parviennent le plus souvent quand ils ne tombent pas dans les mous très à la mode à la Kristen Stewart et Robert Pattinson (d'ailleurs les fans de Twilight y trouveront une scène clin d'oeil). Chloé Moretz est du reste bien trop mignonne pour paraître vraiment étrange et inquiétante.

 


T'es un vampire ? extrait de Laisse-moi entrer

Le film reprend beaucoup de scènes du film suédois et les traduit mot pour mot à la sauce américaine, c'est à dire avec moins de délicatesse. Morse qui atteignait son apogée dans sa scène finale, est ici réduite à la banalité du meurtre gore. Ça fait mal, mais ça fait plus rire le spectateur qu'autre chose... Dommage.

Laisse-moi entrer est plus propre et plus sage que son original, se forçant à devenir une métaphore de la société américaine dans les années 80, quand il avait juste besoin de se créer une âme propre. Ne pouvant s'empêcher de caser un peu de religion et de ramener les actions à la très simple dialectique du bien et du mal, Laisse-moi entrer reproduit bien mais n'invente rien.

 

Vous pouvez retrouver cet article sur Vodkaster.

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